Le silence des vaincues

Hello les booklovers, je reviens aujourd’hui avec une chronique rédigée il y a déjà plusieurs mois. Ça me fait toujours bizarre de publier une chronique plusieurs semaines après l’avoir écrite car entre temps mon avis peut évoluer. En relisant celle-ci je me suis dit que j’avais peut-être été un peu dure. En tout cas quelques mois après, je n’en garde pas un mauvais souvenir du tout. bref venons en au fait.

J’aime énormément ce genre de roman, celui dont on connaît tous l’histoire, mais abordé d’un point de vu différent. Car dans chaque histoire racontée, il y a toujours plusieurs versions. J’ai lu le chant d’Achille l’année dernière, qui abordait ce même thème, mais du point de vu de Patrocle. Dans le silence des vaincues, nous avons le point de vu de Briséis, une des rares femmes au cœur de la guerre de Troie. 

En résumé :

La guerre de Troie, mythe fondateur de toute la littérature européenne, commence par la banale histoire d’une reine enlevée à son époux par un autre homme. Mais, prisonnière du camp grec, une autre reine observe le destin du monde se jouer sous ses yeux : Briséis, la captive d’Achille, par qui la guerre basculera. 
Presque 3 000 ans plus tard, il est temps d’entendre sa voix – et à travers elle, peut-être, celle de toutes les femmes laissées muettes par l’Histoire et la littérature.

---

Mon avis : Le silence des vaincues

Briséis est souvent mentionnée, mais nous nous rappelons rarement son rôle, celui de reine, celui d’esclave. Dès les premières lignes, nous sommes emportés au cœur de la guerre. Celle-ci a commencé, il y a déjà plusieurs années et les Grecs sont aux portes de la ville de Lyrnessos. Les hommes sont en train de défendre leur cité, les femmes et les enfants sont regroupés dans une tour. L’ambiance est stressante. Les femmes savent toutes ce qui les attends, elles et leurs enfants en cas de défaite. L’auteure ne nous épargne rien, la violence est à son comble, entre meurtres, suicides et viols. Les femmes survivantes sont alors offertes en trophée aux différents chefs de clan. Briséis est donnée à Achille. Nous assistons alors à sa longue détention.

Dans la version de Madeline Miller, Achille ne touche pas à Briséis, elle est sa captive, son esclave, mais pour ce qui est des relations charnelles, il partage son lit avec Patrocle. C’est justement intéressant de changer de point de vue, car dans cette version-ci, Briséis est attendu tous les soirs par Achille. Il l’appelle même sa femme. La relation d’Achille et Patrocle n’est pas du tout mise en avant. J’ai trouvé ça un peu dommage, car c’est une belle histoire d’amour tandis qu’ici, nous avons plutôt viol sur viol. Il n’y a aucun sentiment entre Briseis et Achille, ils s’entendent et jouent leurs rôles. Elle est une femme-objet et l’assume. 

Le personnage de Briséis

J’aurais aimé un personnage un peu plus farouche, plus téméraire. La Briséis décrite dans ce roman, est assez fade. Elle a des réflexions, qui nous font comprendre qu’elle aimerait se rebeller, mais à aucun moment n’ose vraiment sauver sa peau. Il y a toujours quelque chose ou quelqu’un pour l’empêcher de reprendre sa liberté. Et ne va jamais au bout de ses actes. Elle se fait à sa nouvelle vie et n’en demande pas plus. 

Le rythme du roman est un peu lent, une fois la guerre passée, les journées de Briséis sont très semblables. L’auteure nous parle essentiellement de ses soirées avec Achille, ou attendant de rejoindre Achille. La guerre est en toile de fond, ce qui enlève un peu de l’action au roman.

En conclusion

Si vous recherchez un roman historique sur la guerre de Troie, ce n’est pas forcément celui-ci que je vous recommanderai. Ce roman n’est intéressant que si l’on cherche réellement à en savoir plus sur Briséis, cette femme esclave du plus grand guerrier de Troie. Ce n’est pas non plus une romance, plutôt une biographie romancée. Je pense que ma lecture a été un peu biaisée par mon souvenir du Chant d’Achille, qui me sert un peu de comparaison. Si je n’avais pas lu ce premier roman, je crois que j’aurais beaucoup plus apprécié cette lecture qui m’aurait permis de mettre un pied dans cette grande histoire sans pour autant me bourrer le crâne de détails de la guerre. C’est une bonne entrée en matière, si l’on souhaite en apprendre un peu sur cette thématique avec plus de légèreté.

---

Ma note : ★★☆☆☆

Titre : Le silence des vaincues
Auteur : Pat Barker
Editons : Charleston / Leduc