Plusieurs romans de la rentrée littéraire avaient attiré mon attention, je vous en parlais dans cet article. Mais étant en no-buy depuis le début du mois de septembre et je ne pouvais pas m’acheter de nouveaux romans. La maison d’édition Goutte d’Or m’a alors très gentiment proposé de recevoir Le journal de L. : (1947-1952) de Christophe Tison qui était dans ma liste et me faisait très envie.
J’ai découvert Lolita à travers le film de Stanley Kubrick il y a seulement quelques années et l’histoire m’a tout de suite interpellée. J’ai acheté et lu le roman de Vladimir Nabokov dans la foulée et j’ai beaucoup aimé cette histoire. Lors de l’annonce de la sortie du Le journal de L. : (1947-1952) et du principe de redécouvrir l’histoire de Lolita du point de vue de Lolita elle-même, j’étais surexcitée.
En résumé :
Ce roman est le journal intime d’un personnage de fiction. Plus d’un demi-siècle après la publication des carnets de son ravisseur par Vladimir Nabokov, Lolita se livre enfin. L’adolescente la plus célèbre de la littérature raconte son road trip dans l’Amérique des années 50, ses ruses pour échapper à son beau-père, ses envies de vengeance, ses amours cachés, ses rêves de jeune fille.
Mon avis : Journal de L. : (1947-1952)
Ce que j’avais retenu de ma lecture de Nabokov, c’était cette impression que Humbert Humbert n’était peut-être pas le seul fautif dans cette histoire, mais lui aussi une victime. Victime de ses pulsions, de ses sentiments et victime de Lolita, petite nymphette qui l’aguichait. C’était une véritable claque pour moi. J’ai ressenti exactement la même chose pour le roman : l’empreinte ou j’avais fini par avoir de la compassion pour Rick Langley. Mais dans chaque histoire, il y a toujours deux versions. Il me tardait de découvrir le récit de Dolorès (alias Lolita).
Le roman de Christophe Tison se compose de cinq parties, chacune portant le nom d’un homme ayant marqué l’existence de Lolita. Nous commençons donc le roman par sa première relation : avec Humbert Humbert. L’histoire contée par Lolita est beaucoup plus sordide que celle de son persécuteur. On ressent sa détresse dans chacune de ses pensées. Elle est complètement prise au piège et nous partageons son angoisse. J’ai finalement compris que si dans la version de Nabokov, Lolita pouvait sembler aguicheuse envers Humbert, c’était simplement pour pouvoir garder le contrôle sur lui, le contenir et peut-être entrevoir une échappatoire.
J’ai beaucoup aimé l’évolution du personnage au fur-et mesure des pages et des chapitres, on ressent sa maturité accroître. Son envie de liberté se développe et elle prend réellement conscience de la situation dans laquelle elle se trouve. L’étau se ressert, Dolorès va faire des choix, qui ne seront pas forcément les bons et qui vont l’entraîner dans un gouffre sans fin. Passant d’un bourreau à un autre.
En conclusion :
J’ai énormément aimé cette lecture, découvrir l’autre version de l’histoire apporte beaucoup. Nabokov avait réussi l’impossible, nous donner un minimum de compassion pour Humbert, ou du moins nous expliquer le cheminement de ses pulsions. Christophe Tison vient remettre les choses au clair et réhabilite Lolita en tant que victime, là où Nabokov nous la présentait comme une dévergondée aguicheuse. Une lecture émouvante et dérangeante à la fois que je n’oublierai pas de si tôt.
Ma note : ★★★☆☆
Les plus : Le principe de donner la parole à Lolita. L’objet livre. La réhabilitation de Lolita en tant que victime.
Les moins : Un style très éloigné du classique.
Titre : Journal de L. : (1947-1952)
Auteur : Christophe Tison
Editions : Editions Goutte d’Or
2 Comments
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